| Publié le 11 octobre 2019

Dans mon rêve, je perds mes deux bagues…

Dans mon rêve, je perds mes deux bagues…

5 min de lecture Cela fait des années que je fais le même rêve. En fait, il a commencé il y a sept ans lorsque je me suis séparée de mon copain de l’époque, après presque quatre ans de relation. Il m’avait offert une bague de valeur à un anniversaire. Je la portais tous les jours – je la porte encore. J’ai aussi à l’autre main une bague précieuse offerte par l’un de mes frères pour mes 20 ans. Dans mon rêve, je perds mes deux bagues. C’est alors qu’une angoisse m’étreint. Désemparée, je me sens coupable comme si j’avais commis une faute grave. Ce malaise est accompagné de l’impression d’avoir oublié de faire quelque chose d’essentiel, comme de prendre un médicament... Ce rêve revient de manière régulière. Parfois plusieurs nuits d’affilée, parfois deux fois dans le mois. Parfois il s’interrompt, puis il revient. En tout cas, il ne m’a jamais quittée depuis sept ans ! Marion, 28 ans, diplômée d’une école de commerce, Lyon.

Ces rêves qui se répètent, toujours semblables, qu’on appelle “récurrents”, sont particulièrement déstabilisants.
D’une part, leur contenu est souvent chargé d’angoisse, mais c’est surtout l’énigme de leur répétition qui inquiète le rêveur.

Pourquoi insistent-ils ainsi ? C’est évident ! S’ils se répètent, quasi à l’identique, c’est qu’ils attendent une réponse. Ce sont là typiquement des rêves qui ont besoin d’un interprète. Marion m’a accordé un long entretien téléphonique au cours duquel nous avons parlé d’elle, bien sûr, de ses choix, de ses problèmes aussi, et de son rêve. Je lui réponds ici.

Vous m’avez accueilli avec enthousiasme, chère Marion, sans réserve ; vous aviez la voix joyeuse. Vous transmettiez l’image d’une jeune femme dynamique, volontaire, sûre d’elle-même. C’était un véritable plaisir d’échanger avec vous. Vous m’avez appris que vous aviez créé votre propre entreprise, que vous meniez concurremment plusieurs projets, que vous commenciez à vous débrouiller dans la vie. Au fond, tout va bien, si ce n’est une chose qui vous dérange. Quelque chose que vous avez un peu de mal à expliquer, une tournure de caractère, une habitude d’être…

Vous vivez seule, à Lyon, dans un appartement parfaitement ordonné. Chaque chose y est à sa place car vous êtes ainsi, structurée, perfectionniste, méticuleuse… à l’excès ! Votre ami, avec lequel vous envisagez de vous installer un jour, habite et travaille à une centaine de kilomètres de là. Vous vous retrouvez le week-end ; chaque week-end, selon un rituel identique. Vous aimeriez un peu de fantaisie, d’inattendu, au point qu’il vous arrive de déranger un peu l’ordonnancement des choses, volontairement.

Mais vous êtes cernée par des to-do lists… des épreuves, des défis sportifs, des régimes.

Nous sommes revenus ensemble sur ces deux bagues, celle du premier “fiancé” et celle du grand frère. J’avais pensé qu’elles pouvaient représenter deux moments où vous avez perdu le contrôle, l’un sexuel (la bague du fiancé), l’autre concernant la force physique (la bague du grand frère) – je veux dire : deux moments où vous ne déteniez plus le contrôle de vos sensations.

C’est alors que vous m’avez expliqué que vous avez souffert d’un TOC, un trouble obsessionnel compulsif, durant une dizaine d’années. Je connais ces symptômes où l’on est contraint par une force incoercible d’accomplir des actes absurdes. Je sais combien il est pénible de céder à cette force malgré la volonté farouche de la maîtriser. Vous avez consulté des psychiatres, des psychologues ; essayé des médicaments, une psychothérapie…

L’hypnose vous a soulagée un temps mais les symptômes revenaient. Alors, vous avez pris le taureau par les cornes et entrepris de vous appliquer à vous-même les principes d’une thérapie cognitive. N’êtes-vous pas l’adepte du do it yourself ? Et vous avez fini par triompher du TOC. Aujourd’hui, vous ressentez cette victoire comme un exploit – et vous avez raison !

Mais il y a un reste et c’est précisément ce rêve qui conserve la trace des symptômes de naguère : le malaise ressenti dans le rêve, le sentiment d’avoir commis une faute sont les mêmes que ceux que vous éprouviez lorsque vous ne vous soumettiez pas aux obligations compulsives du TOC.

Vous êtes tombée d’accord avec l’idée que ce rêve réapparaissait chaque fois que vous vous laissiez un peu aller, chaque fois que vous lâchiez prise…

Ce rêve vous offre en vérité l’ouverture vers un monde plus libre, un monde où vous ne serez plus contrainte à toutes ces obligations pour être protégée du retour des symptômes du TOC – à condition que vous acceptiez d’entendre son message. Le voici :

il est révolu le temps de la peur qui contraint à la rigidité ; c’est aujourd’hui celui de la générosité. Offrez une bague, chère Marion, à votre sœur, à votre mère, à une amie… Vous trouverez à qui l’offrir. Offrez-la sans raison, ni pour un anniversaire ni pour une occasion particulière. Pour rien ! C’est le premier pas…

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