Au fil des pages de son journal "Les Montagnes roses" qui vient de paraître chez Eyrolles, la chanteuse Rose se...
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Et les pères dans tout ça ?
Dès la naissance de l’enfant, les bonnes volontés sont mises à mal. La mère est capitaine de maisonnée pour un long congé maternité. L’autre parent retourne travailler après 11 jours d’initiation accélérée à la parentalité. Difficile dans ces conditions de saisir sa juste place dans la gestion du foyer.
Le compte Twitter “Charge mentale pédiatrie” stigmatise quelques pères largués. Extrait : « Non, je n’ai pas son carnet de santé, sa mère ne me l’a pas préparé. » Il faudrait plutôt interroger les racines de ces errements. Car le corps médical fait encore rarement l’effort de considérer le père comme un interlocuteur valable et suffisant.
Pour couronner le tout, 69 % des pères** regrettent le manque de contenus s’adressant à eux sur Internet. Par historique, par habitude, les contenus qui répondent aux questions que les parents posent aux moteurs de recherche sont écrits pour des mères.
Le père est ainsi enfermé dans le stéréotype du parent d’appoint.
Inéluctablement détaché. Désespérément maladroit. Or que présuppose la pratique d’une éducation positive et bienveillante ? D’abord, une vraie présence à l’enfant : avoir le temps d’apprendre à décrypter ses signaux et de répéter inlassablement les messages à faire passer. Ensuite, une grande confiance en soi : s’affranchir des signes “traditionnels” d’autorité tout en sachant qu’on n’abandonne pas l’enfant sans fondations pour se construire.
Le père réduit à son stéréotype n’a à sa disposition pour éduquer que les méthodes expéditives et démonstratives de son autorité. Il gronde. Il punit. « Tu vas voir ce que Papa va dire en rentrant ! »
Maintes études ont démontré les bénéfices (pour l’enfant, pour le père, pour le couple) d’un père présent et bienveillant. Alors, comment réinventer collectivement
le stéréotype du papa pour accompagner un maximum d’hommes vers la paternité impliquée et compétente qu’ils appellent de leurs vœux ?
Repensons les congés d’accueil de l’enfant. Créons des espaces d’expression d’une paternité “décomplexée”. Repérons les différenciations parentales éculées, dans le management, les médias et l’architecture (pourquoi, par exemple, les tables à langer sont-elles toujours dans les toilettes pour femmes ?). C’est une clé pour plus de bienveillance dans notre éducation, et notre société. //
*Étude internationale “Meet the parents” par Ipsos Media CT – **BabyCenter, Millennial Dads Study