| Publié le 20 avril 2022

‘Le monde après nous’ : le 20 avril, votez pour l’AMOUR

‘Le monde après nous’ : le 20 avril, votez pour l’AMOUR

4 min de lecture Il y a dans ce film autant d'histoires que de promesses dans un programme électoral ! C'est l'histoire d'un jeune écrivain sans le sous qui aimerait être publié pour vivre enfin de son art. Et puis celle d'un petit gars de province qui tente de survivre dans un Paris gentrifié de tous les côtés. C'est aussi celle d'un fils "issu d'un couple mixte" qui ressemble à un Corse mais porte un prénom d'Afrique du Nord. On y trouvera aussi et surtout un amour naissant, un colocataire au cœur aussi balèze que son tour de taille et quelques techniques de vente pour faire acheter à des bobos des montures de lunettes chics et branchées.

Dans ce premier long métrage autobiographique, Louda Ben Salah Cazenas a résolument choisi l’humour, l’auto-dérision et une certaine forme de nonchalance pour raconter cette histoire de survie en territoire hostile. Car on a beau être jeune, beau gosse, doté d’un certain sens de la formule et d’un farouche désir de s’élever au dessus de la masse par la force de l’écriture, il faut bien des ressources intérieures pour ne pas être avalé tout cru par la plus belle ville du monde.

Labidi a récemment quitté son Lyon natal et le bistrot de quartier de ses parents pour conquérir la capitale et il est bien décidé à ne surtout rien raconter de ses galères, histoire de préserver d’un soucis qu’il estime inutile ses chers parents. Et quels parents ! Ils se sont rencontrés, ils se sont aimés et ne se sont plus jamais quitté, cultivant entre la salle, le bar en zinc et le modeste appartement, un jardin d’Éden dont l’amour pour ce fils «monté à Paris pour de grandes et nobles ambitions » éclaire le quotidien.

Mais la vie à Paris quand on n’a ni le bon carnet d’adresses, ni le bon tonton bedonnant qui connaît du monde, c’est une vraie épopée de galérien… Surtout pour qui a préféré la voie désuète de l’écriture aux sirènes de la start-up nation. Mais Labidi est du genre persévérant, et qu’importe s’il partage un matelas avec son meilleur pote dans une de ces chambres de bonnes louée à prix d’or, il a déjà un agent qui le pousse à donner le meilleur et compte bien sur lui pour livrer dans les délais la suite des premiers pages qui ont alléché une prestigieuse maison d’édition. Mais c’est sans compter sur la rencontre avec la jolie Elisa.

Vivre d’amour et d’eau fraîche, c’est un concept qui a fait les preuves de son inefficacité et Labidi, pour permettre à sa belle de finir sa thèse en Histoire, va plutôt se tourner vers les petits boulots de livreur de pizza, les combines et la débrouille. Qui sait ? Il va peut-être enfin le terminer ce bouquin et devenir l’écrivain dont il rêve, celui qui sera adoubé par le milieu fermé des salons littéraires, avec ses petits fours et ses codes, passant ainsi de la précarité à la notoriété, comme on se faufile d’une classe sociale à une autre.

Mais l’artiste qui ‘veut devenir’ peut-il jamais y parvenir ? Et peut-on sincèrement s’affranchir de son milieu social, de ses racines sans y perdre quelques plumes de sa jeunesse et de son âme ?

Filmé ‘comme un souvenir, avec du bleu et du gris’, Le monde après nous raconte l’urgence à vivre d’une jeunesse à part, un peu en marge, éloignée de l’agitation ambiante des réseaux sociaux, de l’efficacité, du toujours plus. Avec son côté lunaire et pince sans rire, Aurélien Gabrieli (qui vient du théâtre) avance dans le film avec un détachement souvent drôle et inattendu qui donne au récit sa tonalité singulière. Les parents, si loins, si proches, racontent aussi, avec justesse, l’importance de l’héritage et la manière tendre dont il peut inspirer une trajectoire de vie… d’artiste, ou d’adulte.

Alors dès le 20 avril, votez pour l’AMOUR, lui au moins, tiendra toutes ses promesses.

Film écrit et réalisé par Louda BEN SALAH CAZENAS – 1h25 – avec Aurélien Gabrielli, Louise Chevillotte, Saadia Bentaïeb, Jacques Nolot, Léon Cunah Da Costa, Mikaël Chirinian…

// Texte par Caroline Lahbabi – Photo : Tandem films

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