Psychologie Positive n°47
Mieux vivre nos émotions

Et si la honte n’était pas ce sentiment de gêne qu’il faut fuir à tout prix mais un levier de connaissance de soi, une force dont se saisir ? L’idée est séduisante… mais les obstacles sont bien réels ! Qui a envie de plonger de son plein gré dans ce puits de souvenirs embarrassants quand tout, dans la honte, hurle en silence le besoin de se soustraire à la vue de l’autre, de cacher et de se cacher?
Rien d’étonnant à ce que cette émotion soit la plupart du temps mise sous le tapis plutôt que révélée dans toutes ses nuances. Pourtant, elle n’a pas que des mauvais côtés ! Le dossier principal de ce numéro nous invite à aller regarder de plus près cet affect complexe sous un angle plus porteur d’opportunités d’apprentissage.
La honte nous guide en effet sur le chemin de l’acceptation de nos imperfections, tout en nous incitant à vouloir nous améliorer. « La honte peut nous aider à mieux comprendre nos désirs », écrit la psychologue Aukje Nauta dans l’article en page 20, tandis que Marie Robert, invitée de notre grand entretien “10 questions 10 émotions », la voit comme un miroir tendu, une invitation sartrienne à penser nos comportements. Ainsi donc, la honte est un véritable outil de connaissance de soi et d’empowerment !
Mais le premier pas vers une vie libérée du joug de cette émotion consiste à la nommer en son for intérieur. « Mettre des mots sur les méandres de notre vie émotionnelle est une manière de la vivre avec un peu plus de douceur », écrit Marie Robert dans Une année en philosophie, paru en octobre 2022.
C’est avec cette phrase que je nous propose d’entrer dans la nouvelle année. Puissions-nous construire un monde plus doux les uns pour les autres ; un monde où la honte changerait de camp, et ne serait plus un poison pour nos âmes mais un moteur d’action contre les grandes injustices.
N’ayons pas peur des mots !
Nadège Baheux, rédactrice en chef