| Publié le 13 octobre 2019

Vider son sac

Vider son sac

4 min de lecture J’y suis. J’ai peur. Les doutes se bousculent dans ma tête. Je n’ai jamais vu de psy. Que dire ? La psy va penser que mes problèmes ne sont pas si importants. Que j’aurais pu me débrouiller seule. Ou, pire encore, que je prends la place de quelqu’un qui aurait de “vrais problèmes”… Et puis, saura-t-elle vraiment m’aider, me comprendre ?

Je suis assise, toute raide, en avant du fauteuil, mon sac posé sur les genoux. La psy sourit. Elle me propose de prendre le temps de m’installer. « C’est mieux comme ça, non ? » Stressée, j’attends l’inévitable : « Quel est le problème ? » Je repasse dans ma tête la réponse que j’ai préparée. Celle qui, à mon sens, résume bien la situation. Du moins, je crois. « Merci pour votre confiance, démarre la psy. Et encore bravo pour votre courage. » « Je ne sais pas par où commencer… »

Je m’entends balbutier cet aveu, troublée de ne pas avoir entendu la question fatidique prévue, et décontenancée par cet espace qui s’ouvre devant moi. Comme une clairière où je pourrais m’installer, sur un rondin de bois, au soleil, la forêt sombre presque au loin déjà. Une sensation inconnue de tranquillité me gagne.

« Il n’y a pas une bonne façon de commencer, enchaîne la psy. C’est ensemble que nous allons trouver les bons chemins. »

Elle me propose alors de « vider mon sac ». En vrac. Tout ce qui me vient, me préoccupe. Elle me dit qu’il ne faut pas que je trie. Que tout convient. Qu’il n’y a pas de bon ordre. Comme si je secouais ma vie sur le bureau. Tout ce qui est là, à cet instant. Elle précise : « C’est moi qui dois trier, avec vous. C’est mon job, non le vôtre, de savoir ce qui est le plus important. Ensemble, on va jeter ce qui encombre, on va classer, décider ce qui est le plus urgent, mettre des choses “en attente”… » Je pense alors à une contrariété vécue quelques instants plus tôt, dans la rue. Un passant m’a bousculée sans s’excuser. Ça m’a agacée. Je commence finalement par là. Et puis j’enchaîne…

Au fur et à mesure, avec les questions de la psy, un sens se dessine. Elle sourit, me relance, remarque des similitudes, me demande si on garde, si on jette, si c’est vraiment important – mais jamais pourquoi ça l’est. Simplement : est-ce que je le ressens comme important ? « Pour l’instant, n’essayez pas d’analyser, insiste-t-elle. Si cela vous blesse, là, maintenant, alors cela a sa place dans notre chantier. Car c’est bien ce dont il s’agit : un chantier où nous utiliserons tous les matériaux nobles, les matières soyeuses, les ressources innombrables, où nous reconstruirons des édifices bancals, où nous imaginerons des constructions solides. Un nouvel aménagement du territoire… intérieur. Pour revisiter ce que l’on est et retrouver cet élan de vivre. Au fond du sac, il y a toujours, toujours des ressources. Et c’est à la psychologie de nous aider à les retrouver ! » //

Jeanne Siaud-Fachin est psychologue clinicienne et psychothérapeute, fondatrice des centres Cogito’Z. Dans son dernier livre, S’il te plaît aide-moi à vivre (Odile Jacob, 2018), elle expose les fondements de la psychologie des ressources, une psychologie qui intègre les apports de multiples champs théoriques, scientifiques, cliniques, une psychologie de l’engagement, qui assume la culture du résultat et qui permette à chacun d’être sur le chemin qui est le sien.
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