Nous avons besoin les uns des autres pour nous épanouir. Que nous soyons naturellement sociables ou plus réservés, la solitude n’est bénéfique pour personne sur le long terme. Des travaux récents publiés dans la revue Social Cognitive and Affective Neuroscience soulignent combien les liaisons amicales de qualité nouées pendant nos années d’adolescence façonnent notre résistance aux chocs émotionnels rencontrés plus tard, pendant nos années d’adulte.
Connexions amicales
Selon cette étude, posséder de véritables amis pendant notre jeunesse nous équipe mieux pour affronter les moments d’isolement social que nous pourrions rencontrer une décennie plus tard. En fait, les individus qui ont profité de liens amicaux forts durant leur adolescence affichent une capacité de résilience supérieure. La résilience, tel que définie par les chercheurs, concerne notre aptitude à maintenir ou récupérer notre niveau de fonctionnement social, émotionnel et comportemental après avoir été confronté à des circonstances traumatisantes ou stressantes.
Maria Dauvermann, de l’Université de Birmingham, partage sa vision : “Il est normal de traverser des difficultés psychologiques après un évènement stressant, du moins dans un premier temps. Grâce à cette notion de résilience, nous embrassons une perspective plus riche et dynamique, en tenant compte d’un large spectre de comportements observés à différents instants, en lien avec l’intensité du trauma subi.”
Vers une meilleure assimilation de l’inclusion sociale
Le projet a regroupé des adolescents de 14 ans ayant enduré des traumatismes durant l’enfance. Ces derniers ont été invités à répondre au Cambridge Friendship Questionnaire à quatre moments clés, de leurs 14 à leurs 24 ans. Sur les 1 238 participants de départ, 436 ont mené à bien l’enquête finale à l’âge de 24 ans, parmi lesquels 62 ont pris part à une analyse d’imagerie cérébrale.
À 24 ans, ceux ayant subi une IRM ont été invités à expérimenter une situation virtuelle d’exclusion sociale. Pendant cette simulation, l’activité neurologique des participants a été scrutée, révélant en particulier une stimulation du cortex préfrontal dorsomédial, un secteur cérébral essentiel à la régulation des émotions. Les individus bénéficiant, à 14 ans, d’amitiés significatives et faisant montre d’une robuste résilience à 24 ans, ont témoigné d’une meilleure réaction face à l’intégration sociale et ainsi, d’une capacité accrue à surmonter les pressions stressantes.
Le bien-être psychologique des jeunes
L’impact des amitiés adolescentes sur la santé mentale à l’âge adulte reste un domaine riche en découvertes potentielles. Les scientifiques s’intéressent à la façon dont de telles relations influencent le développement neuronal chez l’adulte et recherchent des moyens d’apporter un soutien aux jeunes dépourvus de cercle social ou confrontés à des troubles émotionnels. Les initiatives de soutien entre pairs pourraient offrir une réponse à cette problématique.
Dauvermann conclut en insistant sur la complexité et les nuances entourant la santé mentale des jeunes. “Notre but à travers de telles études est de mieux faire comprendre ces enjeux afin d’encourager les jeunes à rechercher du soutien lorsqu’ils en ont besoin“.