Le mystère de nos matins difficiles
“Je ne suis tout simplement pas faite pour les réveils matutinaux. Il me faut un temps considérable pour trouver mon élan après avoir quitté les bras de Morphée… Mon partenaire, quant à lui, ne comprend pas toujours mes humeurs matinales,” partage Élisabeth, 43 ans. Pour certains, le réveil sonne le début d’une journée pleine de promesses, tandis que d’autres peinent à quitter leur lit, traînant une humeur maussade qui peut parfois affecter leur entourage.
Mais qu’est-ce qui se cache derrière ces difficultés à embrasser avec joie les premières lueurs de l’aube ? Pourquoi être “du matin” ou “du soir” semble être une inclinaison aussi marquée chez certains individus ?
L’empreinte indélébile de notre biologie
Le rythme auquel nous sortons du lit est, avant tout, une question d’empreinte génétique, un peu comme peuvent l’être la teinte de nos yeux ou la couleur de nos cheveux. “Les prémices de notre rapport au sommeil s’observent dès l’âge de deux ans : on distingue alors les petits dormeurs des gros dormeurs, une distinction qui nous accompagne tout au long de notre vie,” affirme la psychologue Claire Leconte, experte en chronobiologie. À l’adolescence, une autre typologie émerge : celle des “matinaux” contre celle des “vespéraux”. Ainsi, si vous avez tendance à veiller tard et que vous êtes, de surcroît, un gros dormeur, il y a fort à parier que les aurores vous soient particulièrement difficiles. Par ailleurs, certains d’entre nous sont plus sensibles à la lumière et aux variations saisonnières, se montrant plus réticents à émerger du sommeil dans l’obscurité hivernale.
Quand la sociabilité matinale est un défi
“Être réservé, introverti, ou mal à l’aise en société peut expliquer pourquoi certaines personnes ont besoin de plus de temps le matin pour s’ouvrir au monde,” explique Johanna Rozenblum, psychologue, en évoquant le cas des personnes socialement anxieuses qui préfèrent différer le moment de faire face à un monde qui leur semble hostile. La réticence à sortir du lit peut aussi s’expliquer par le désir d’éviter une situation déplaisante telle qu’un environnement de travail insatisfaisant. Claire Leconte pointe aussi la motivation comme un moteur essentiel : l’enthousiasme pour nos occupations quotidiennes influence grandement notre élan matinal.
Le reflet d’un mal-être plus profond
“Durant ma période de burn-out, il y a de cela trois ans, me lever le matin est devenu une véritable épreuve. Comme si j’étais complèment vidé de mon énergie,” rapporte Carole, 50 ans. Johanna Rozenblum souligne que la lourdeur du matin peut parfois trahir un état dépressif, pouvant même conduire à la clinophilie, un désir irrépressible de rester au lit toute la journée. Elle recommande de prêter attention aux changements dans nos comportements matinaux, ceux-ci pouvant révéler des troubles émotionnels plus profonds.
“Je m’octroie un moment pour moi-même chaque matin”
Pour surmonter les tristesses hivernales, j’ai adopté la luminothérapie au lever du jour. Avant même que la maisonnée ne s’éveille, je me consacre à quelques minutes de yoga ou de méditation, je m’immerge dans la lecture d’un livre qui m’inspire, je savoure un excellent thé. Ce temps de solitude au petit matin est pour moi une source de ressourcement vital pour affronter la journée. Et naturellement, je veille à harmoniser cette routine en me couchant plus tôt,” témoigne un lecteur.
Nos recommandations
Respectez vos rythmes de sommeil
“S’écouter est la clé,” souligne Claire Leconte, qui conseille de se préparer au sommeil dès les premiers signes de fatigue, tels qu’un frisson, annonciateur de la sécrétion de mélatonine. La spécialiste en chronobiologie recommande également d’éviter les écrans le soir.
Valorisez le petit déjeuner
“Intégrer des protéines dans votre premier repas peut vous aider à vous sentir plus alerte, à condition de choisir des aliments qui vous plaisent,” conseille Claire Leconte. De plus, partager ce repas avec ceux qui nous sont chers peut grandement contribuer à notre bien-être émotionnel.
Renouvelez votre routine matinale
“Explorer différentes stratégies pour s’adapter peut s’avérer bénéfique,” suggère Johanna Rozenblum. Opter pour un réveil en musique plutôt qu’une alarme bruyante, ou encore se lever plus tôt pour s’accorder un moment de détente peuvent métamorphoser nos matins.
Considérez la micro-sieste
“Une humeur matinale maussade peut être le signe d’un besoin de sommeil insatisfait. Une courte sieste après le déjeuner peut être très profitable,” rappelle Claire Leconte. Même au travail, une sieste express peut faire des merveilles.