Notre ado le sait, il a besoin de huit heures de sommeil. Mais, une chose en entraînant une autre, il ne s’endort jamais avant minuit, et le matin, c’est un vrai zombie. Et s’il ne contrôlait pas ses horaires de sommeil ?
La journée à peine commencée, les élèves de quatrième semblent épuisés. Certains posent carrément la tête sur leur table. Les profs se désolent et fustigent mentalement les écrans, les jeunes démotivés et les parents laxistes. Pourtant, du côté des parents et même des ados, ce n’est pas faute d’essayer ! Les horaires de coucher sont au cœur d’un con it quotidien. Et chaque matin, c’est la bataille pour réussir à sortir l’ado du lit… Certains mettent deux, voire trois réveils à sonner loin de leur lit, mais, peine perdue, ils repiquent du nez dans l’oreiller. Les parents développent des trésors de patience puis finissent par craquer : « Si tu te couchais plus tôt, tu arriverais à te lever ! »
Hélas, rien n’est moins sûr. Nombre de laboratoires se sont penchés sur la question, les résultats convergent, l’horloge interne des adolescents est décalée ! La puberté recule de deux heures le pic de sécrétion de mélatonine, l’hormone impliquée dans l’endormissement. Ce phénomène est observé chez de nombreux mammifères, mais les smartphones et autres écrans aggravent le problème. Notre génération lisait sous les couvertures avec une lampe de poche. De nos jours, les jeunes communiquent par SMS et jouent à des jeux vidéo.
Or une exposition de deux heures à la lumière bleue d’un écran suf t pour abaisser le niveau de mélatonine de 22 %.
En vacances, laissés au rythme de leur horloge interne, les adolescents dorment naturellement neuf à dix heures par nuit. C’est le temps de sommeil dont ils ont besoin pour récupérer et être aptes à apprendre. Forcés de se lever pour aller en cours, ils perdent deux à trois heures de sommeil par jour, car leur chronotype, l’horaire des uctuations de sécrétion de mélatonine, ne leur permet pas de s’endormir plus tôt pour autant. Les adolescents peuvent se lever pour arriver à l’heure au collège ou au lycée, mais la mélatonine s’attarde dans leur cerveau, et ce n’est pas sous leur contrôle. Un adulte se réveillant à 7 h du matin n’éprouve pas cette torpeur liée à la présence de la mélatonine et peut penser que l’ado exagère quand il le voit hébété.
Plus un adolescent est contraint de se lever tôt, plus ses performances scolaires chutent. La fatigue altère apprentissage, mémoire et, bien sûr, motivation. Dans le Minnesota, les notes de sept mille lycéens ont augmenté de manière statistiquement signi cative quand les cours ont été repoussés de 7h30 à8h40. Dans le Kentucky, les lycées ayant retardé la sonnerie d’une heure ont vu grimper l’assiduité et les résultats académiques.
Comme le souligne James Maas, professeur de psychologie à l’université Cornell : « Le sommeil est essentiel au cerveau. Un déficit altère notablement les performances. La fatigue ne doit pas être confondue avec la paresse. Tous les adolescents devraient avoir le droit d’apprendre dans un environnement optimal. Remplaçons le vieil adage “L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt” par “Levez-vous tard et vos notes grimperont” ! » //
DU CÔTÉ DE L’ADOLESCENT
« Quand tu me harcèles pour que je me lève, ça ne m’aide pas. »
Aller plus loin : Comment identifier un ado en manque de sommeil ?